Note : A++ (la prof a du modifier son barème exprès pour moi )
Sujet : S'inspirer d'une image sur le désert, pour écrire un texte libre. J'avance. J'avance, depuis des jours. Je progresse vers un but incertain, une destination invisible. Mes pas se font de plus en plus lourds à mesure que le disque flamboyant se fait haut dans le ciel, frappant ma tête découverte de ses rayons. J'ai faim, j'ai soif. La fatigue me torture chaque jour un peu plus.
Mes jambes s'enfoncent jusqu'aux genoux dans le sable brûlant, mes pieds nus rencontrent les cailloux aiguisés cachés sous l'étendue dorée. Mais je ne me plains pas. J'avance, j'avance encore et toujours.
J'ai parlé de jours, mais peut-être que le début de mon odysée date d'il y a quelques années. Peut-être même que je marche depuis un siècle, voire deux. Je ne sais pas, je ne sais plus. Je ne veux pas savoir.
Je continue d'avancer, sans plus aucun itinéraire. J'ai oublié où je voulais aller, et pourquoi. Cela n'a plus d'importance. Plus rien n'a d'importance. J'ai comme l'impression que tout ce qui m'a poussé à entreprendre ce voyage n'a plus rien à voir avec moi, maintenant. Cela date d'une autre vie. Mais suis-je vraiment vivant ?
Cette question, elle aussi restera sans réponse. Car je ne peux y répondre, je ne sais pas. Mais ça m'étonnerait. Cela fait si longtemps que je n'ai senti la fraîcheur de l'eau contre mes lèvres, si longtemps que je n'ai pu satisfaire ma faim, si longtemps que je n'ai fermé les yeux... Pourtant, la souffrance que j'éprouve chaque jour est si forte, que je ne peux être un fantôme errant sur les traces de son passé. Je suis donc bien vivant. Et pourtant je dois avoir l'aspect d'un mort qui marche. Qui marche, sans savoir pourquoi.
Mes souvenirs se sont envolés depuis bien longtemps, je ne me souviens plus de rien, ou presque. Juste quelques images gravées dans ma mémoire. Une jeune femme, un enfant. Des sourires, des pleurs. Des joies, des malheurs. Des vies bouleversées. Mais c'est tout. J'ignore tout, je ne sais même plus qui je suis. Cela m'est égal, ce n'est pas important. Je dois juste marcher, marcher sans m'arrêter. Me rendre partout, et nulle part à la fois. Il n'est plus question d'exister. Juste d'avancer. Le reste, ça n'a pas d'importance.
J'en suis là dans mes réflexions lorsque je sens mes jambes se dérober sous moi. Je n'ai plus de forces. Je suis incapable de poursuivre. Et pourtant, la force d'esprit et le désir de poursuivre qui brillent en moi m'obligent à me relever, et, presque machinalement, je reprends ma route. Malgré la faim, la soif et le sommeil qui à eux trois me tenaillent, je suis toujours debout, j'avance comme un soldat qui part, décidé, pour sa dernière bataille.
J'ai perdu la notion du temps, c'est pourquoi chaque soir, quand l'astre lumineux fuit mon regard, laissant place à la profondeur des ténèbres, je suis toujours debout. Qu'il fasse jour ou nuit, je ne vois pas pourquoi je cesserai d'avancer.
Et, alors qu'une myriade d'étoiles s'installent dans le ciel, je suis là, silhouette sombre, se tenant bien droite malgré l'épuisement, minuscule grain de poussière dans l'étendue du monde, microscopique à l'échelle de l'univers. Et pourtant, même si je sais que ma vie n'a ni sens ni but, je suis toujours là, à marcher, car mon coeur me dit que dans quelques temps surviendra ce que j'attends. Mais quoi ? Et surtout, combien de temps faudra t-il encore attendre ?